Le sentiment d'être comme tout le monde
Ils sont cadres et gagnent 6.300 euros par mois avec leurs deux salaires cumulés. Ils ont des enfants de 5 et 2 ans. Ce couple de trentenaires milite au Parti socialiste dans la section du 13e arrondissement de Paris. Payer plus, c'est conforme aux valeurs défendues par Alexandre:
"En tant que citoyen et homme de gauche, disposant de revenus confortables, cela ne me choque pas de contribuer plus, même si je ne me considère pas comme une personne riche, mais simplement comme quelqu'un de favorisé".
Elle est formatrice, lui est directeur financier dans une société privée, ils touchent 10.000 euros par mois à eux deux. Leïla et Arnaud pestent contre la nouvelle hausse d'impôt annoncée, même s'ils ne manquent pas d'argent pour payer ce qui leur sera demandé :
"Evidemment que nous avons les moyens, ce serait mentir que de dire le contraire, et ce ne serait pas respectueux pour d'autres familles. Mais nous avons le sentiment d'être punis parce que nous gagnons de l'argent. Nous n'avons pas volé nos revenus, nous n'avions aucun héritage familial et nous avons travaillé dur à l'école pour en arriver là. C'est décourageant d'âtre systématiquement taxés".
De gauche, parisiens et 6.300 euros par mois, de droite (certainement), parisiens et 10.000 euros par mois, ces deux couples n'ont pas plus l'impression que ça d'être dans la catégorie des français les plus riches, ils ont des revenus supérieurs à 80% du reste de la population et ils ne s'en rendent pas compte. Après 5 ans de Sarkozy, le retour sur Terre est difficile pour cette catégorie aisée, ils vont devoir participer et ils s'imaginaient faire partie de la classe moyenne.
Ils se plaignent d'un sentiment d'injustice, c'est toujours les mêmes qui payent, ben oui ils ont les moyens de payer. Pour ce dernier couple, l'augmentation des impôts sera de 1000 euros, sur les 120.000 gagnés à l'année ça peut le faire largement. Pour le premier couple, la situation est dramatique, l'augmentation de 700 euros va les forcer à "rogner" sur les activités culturelles, entendez la semaine à l'Ile de Ré au mois de mai 2014.
Je suis mauvaise langue mais on peut aussi lire d'autres conneries chez les collègues blogueurs de droite, ils sont en colère "Il commence à me gonfler ce gouvernement. Tout va toujours dans un sens quasi-unique, toujours le même : 20% des foyers fiscaux paient 80% de l'impôt. Ça commence juste à bien faire." ou ils nous font une liste des nouvelles taxes du gouvernement Hollande en oubliant celle, catastrophique, des taxes créées par Sarkozy.
Ces gens se plaignent, qu'ils se mettent à la place du couple qui ne survit qu'avec un smic dans une banlieue pourrie et qui paye le steack haché ou le litre d'essence au même prix qu'eux.
Après les manifestations contre le mariage pour tous des Charles-Hubert, on voit une fois de plus le niveau de solidarité de cette France libérale et réactionnaire.
Il y a une vidéo qui illustre superbement l'écart entre l'imaginé, le souhaitable et le réel en matière de richesse. Il s'agit des Américains (et c'est en anglais) mais je serais surpris que les Français soient plus "connectés" à la réalité :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=-fNg-qZcIdY
Oui exact, j'avais fait un petit billet rapide là: Répartition de la richesse aux USA
SupprimerAh voilà! C'est l'interview dont je parle dans mon billet de mardi.
RépondreSupprimerC'était sur France info hein?
Tout à fait! Le lien France Info .
SupprimerDans l'absolu, je suis assez d'accord avec toi. Je ne sais pas si je serai concerné. Je ne crois pas. Je dois être juste un peu en dessous. Par contre, l'argument des 20 % que je lis beaucoup me semble un peu foireux. Premièrement parce que le couple qui touche 4999 € se retrouve dans les 80 % les plus pauvres (ça doit être mon cas donc) et celui qui touche 50001 € dans celui des plus riches. On voit bien que c'est absurde. Deuxièmement, parce qu'à l'intérieur des 20 % évoqués, il y a des disparités énormes. Pour ma part, je pense quand même qu'à ce revenu, un couple qui a deux enfants fait bien partie de la classe moyenne. Selon moi, ce n'est pas juste une question de revenu. Parce que le revenu ne veut rien dire si on ne le met pas en rapport avec le coût de la vie. Dans la classe moyenne, on peut être propriétaire de son logement, avoir une bagnole, payer des vacances à ces mômes : un minimum de niveau de vie. Or, ces indices ne sont plus garantis parce que les prix ne cessent d'augmenter, parce que la question du logement est un problème qu'on n'arrive plus à résoudre. Bref, je le redis, je suis assez d'accord, y compris sur la participation de ces familles, mais pas vraiment pour dire que dans ces 20 %, il n'y a que des familles aisées.
RépondreSupprimerCe qu'illustrent en tout cas les propos que tu relates, c'est qu'il y a une partie de la population non négligeable qui ne sait pas qu'en France, certaines familles sont dans des situations de précarité absolument ahurissantes. Je trouve d'ailleurs assez consternant que le gouvernement ne communique pas davantage sur ces situations. Cela légitimerait assez bien cette réforme. En lieu et place, ils enfilent des perles et récitent des formules creuses.
Cette limite 4999/5001 me rappelle un peu celle des radars, on peut se faire gauler avec 1 km/h retenu, c'est injuste mais c'est la régle :)
Supprimer"Dans la classe moyenne, on peut être propriétaire de son logement, avoir une bagnole, payer des vacances à ces mômes : un minimum de niveau de vie"
RépondreSupprimerJe dis ça parce que c'était le cas pour nos parents.
Oui et c'était mon cas aussi, moins maintenant puisque je remonte la pente d'un divorce ou j'ai tout laissé.
SupprimerRien que du bon sens dans ce billet et dans les commentaires...
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